Pour HRW, les droits de l’Homme laissent à désirer
L’ONG Human Rights Watch dresse un bilan négatif de l’évolution des droits de l’Homme au Maroc, où les libertés sont encore trop souvent entravées par la police et par une justice « inéquitable ».
En dépit de la modernisation du royaume depuis dix ans et des efforts consentis dans le domaine des libertés publiques, un long chemin reste à parcourir au Maroc pour afficher un bilan positif en matière de droits de l’Homme, selon Human Rights Watch (HRW). La situation "s’est globalement détériorée en 2009 au Maroc, bien que le pays ait conservé une société civile dynamique et une presse indépendante", dit l’ONG internationale, basée à New-York, dans son dernier rapport qui sera présenté lors d’une conférence de presse mercredi 27 janvier mais dont l’AFP s’est procuré une copie.
HRW met en particulier en cause la justice marocaine dans des cas de violation des droits de l’homme concernant des opposants du régime. "Le renvoi de civils devant un tribunal militaire, où les droits de procédure des accusés sont amoindris, a constitué une évolution rare et de mauvais augure", note l’ONG.
"Le gouvernement, aidé par des tribunaux complaisants, a utilisé une législation répressive pour punir et emprisonner des opposants non violents, en particulier ceux qui (critiquent) le roi ou la monarchie, (…) la ‘marocanité’ du Sahara occidental, ou (…) l’Islam", affirme HRW.
Le Sahara et l’islam radical, deux cas particuliers
Dans son rapport, HRW fustige la situation des droits de l’Homme au Sahara. "De nombreux Sahraouis ont été inculpés ou emprisonnés à cause de leurs revendications pacifiques en faveur de l’autodétermination pour le Sahara occidental", note HRW. Ainsi, "la police (marocaine) a arrêté sept militants sahraouis non violents le 8 octobre à leur retour d’une visite non dissimulée des camps de réfugiés gérés par le Polisario (ndlr: mouvement qui lutte pour l’indépendance du Sahara occidental) près de Tindouf" (sud-ouest de l’Algérie), détaille le rapport.
HRW consacre tout un pan de son enquête aux personnes soupçonnées d’être des islamistes extrémistes. Certaines ont été arrêtées peu après les attentats de Casablanca, le 16 mai 2003 et ont subi des « procès inéquitables » selon le rapport. Elles "ont été condamnées lors de procès inéquitables après avoir été maintenues cette année-là en détention secrète et soumises parfois à la torture pendant les interrogatoires".
Libertés d’expression et d’association bafouées
L’ONG met en lumières plusieurs atteintes à la liberté d’expression dans le milieu associatif. "Dans le nord du Maroc, les autorités ont arrêté le 17 février 2009 Chekib el-Khayari (un militant associatif) (…) après qu’il eut accusé certains fonctionnaires (…) de complicité dans le trafic de stupéfiants", rappelle l’ONG. Le 24 juin, M. El-Khayari a été condamné par un tribunal de Casablanca "à trois ans de prison et une lourde amende".
Selon HRW, l’année 2009 a également été marquée par plusieurs atteintes à la liberté de la presse, avec des publications interdites et des responsables de journaux condamnés à des peines de prison ferme.
HRW souligne enfin que la France est "le principal partenaire commercial du Maroc" et qu’elle "a rarement critiqué publiquement les pratiques du (royaume) en matière de droits humains".
Retrouvez le résumé du rapport de HRW ici.
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